Par un samedi matin ensoleillé, je suis partie me promener. J’ai traversé la frontière naturelle du Pas de Calais et de la Somme, la rivière appelée l’Authie. Je suis arrivée à Maizicourt, un petit village où se tenait un marché fermier. Il était organisé par des étudiants qui devaient réaliser, dans le cadre de leurs études, un projet d’initiative et de communication. Cette idée de marché leur est venu pour promouvoir l’agriculture de transformation et le circuit court. Pour cela, plusieurs exposants étaient présents. Mais ce qui a retenu le plus mon attention et celle des visiteurs, c’était les chevaux boulonnais présents. Deux étalons étaient attachés. Il s’agit de Diablo du Mont Louis et de Diogo du Mont Louis appartenant à Camille Santune. Ces deux étalons ont participé au dernier salon de l’agriculture de Paris où ils ont remporté brillamment la seconde place. Leur propriétaire ainsi que sa groom fidèle ont profité de cette journée pour faire quelques démonstrations.
 
La présence des étalons à cet endroit n’est pas anodine. La présence de chevaux boulonnais dure depuis bientôt cent ans.
Voici l’histoire que Claire et Lucas m’ont raconté :
« Albert SEPTIER mon arrière grand-père est à l’origine de l’élevage de boulonnais dans l’exploitation. En 1940, il achète la ferme à Maizicourt à la suite d’un cousin. Mais la seconde guerre mondiale se rapproche de plus en plus de la maison et certains chevaux sont réquisitionnés par l’armée allemande. Le grenier de la maison sert au rangement des vélos des soldats. Mais cette guerre n’a pas arreté la passion d’Albert. Cette passion vient, à l’origine, de ses racines dans la région de Montreuil sur Mer. Quand il s’installe à Maizicourt, il fait progresser l’élevage de chevaux pour servir à la ferme en travaux des champs, en transportant les fumiers des vaches et des cochons mais aussi en amenant les betteraves à la gare d’Auxi-le-Château. Plusieurs ouvriers travaillaient  à la ferme, certains étaient spécialisés à la conduite de chevaux, ils étaient appelés les charretiers. Parfois 5 chevaux étaient attelés et 3 pour les labours. Pour faire évoluer la race, mon arrière grand-père ne manquait aucun concours. Les concours pouvaient être dans toute la région Pas de Calais comme Desvres, Hucqueliers, ou encore Samer mais il participait  également au concours de Bernaville le plus proche de chez lui. Il achetait et vendait des poulains. Quelques plaques en témoignent et sont installées sur le mur de l’ancienne écurie. Il y avait 2 ou 3 étalons en permanence. Les éleveurs du coin venaient avec leurs pouliches ou juments faire saillir. Ces dernières étaient logées dans des boxs à l’écurie avec leurs propriétaires tout près. Son écurie était composée d’une dizaine de chevaux. Les derniers sont partis avec un grand déchirement dans les années 1960 avec l’arrivée des tracteurs. »
En voyant les photos souvenirs sur le mur, j’ai demandé à un éleveur étalonnier du coin s’il y avait des boulonnais avant, il m’a répondu : « Oui, il y avait beaucoup de boulonnais avec des étalons ici dans le temps »
 
Remerciements à la famille Septier
® Espritrait 2019
O'ptit marché !
Maizicourt (80)
30 mars 2019 (Marion Cottret)