Les chevaux de la ville d’Hennebont (56)
Le 14 octobre 2020 (Texte : Anne Weldon – Photos : Régis Bradol)
Les habitants de la ville d’Hennebont, dans le Morbihan, s’étaient imprégnés de la musique des sabots des chevaux bretons du Haras national, avant que ne disparaisse cette mélodie du fer sur les pavés.
Aujourd’hui, ce silence est rompu grâce au projet de réintroduire des chevaux dans la ville par Monsieur le maire, André Harteneau.
Comme un retour à la normale depuis la création du service Cheval Territorial en mai 2018 et confié à Morgane Perlade, cochère et enseignante d’attelage.
Ainsi, les 16 000 hennebontais possèdent deux chevaux pour répondre aux besoins de la commune.
Les protagonistes sont Circus et Dispar, deux beaux modèles de trait breton à la magnifique robe baie.
Morgane connaissait ces deux chevaux avant sa prise de fonction. En les choisissant, elle savait que Dispar était fiable et que Circus avait besoin d’un complément d’apprentissage. Dispar boit dans son blanc (expression pour décrire un cheval avec le nez et les lèvres blancs) et possède quatre balzanes. Circus, quant à lui, est un peu plus discret sur les marques blanches.
Nés dans les Côtes-d’Armor, ils sont tous les deux frères, un an les sépare.
La robe baie n’est pas courante chez le cheval breton, toutefois accepté dans le standard de la race. Ainsi, leur couleur apporte une signature particulière aux chevaux de la ville, relève Morgane.
Elle les a exercés durant un mois afin de constituer un duo performant.
L’équipage d’un attelage avec un cheval ou deux est toujours constitué d’un cocher (ou meneur) et d’un groom. Ainsi, Morgane a su convertir Emilie Kuczynski, auparavant animatrice, en tant que groom.
Perçu comme un défi de travailler avec des chevaux, elle est devenue une adepte de sa nouvelle fonction aux multiples facettes, à la fois ripper, accompagnatrice touristique et escorte d’enfants.
Tous les jours ouvrés de la semaine, se déroule le rituel matinal de la collecte des corbeilles du centre-ville et du parc Kerbihan. Les préparatifs ont lieu au sein du haras et commencent par un pansage de Circus ou de Dispar pour une propreté irréprochable, l’image de la profession est importante.
Ensuite, le cheval est attelé à un porte conteneur pour prendre la direction de la ville sous un pas allongé.
Morgane respecte les préceptes de l’attelage acquis au Haras d’Uzes, dans le Gard, région d’Occitanie, tout en prenant garde à la circulation routière et à Emilie qui, dans un enchaînement de galopades et de virevoltes, se dirige vers toutes les corbeilles de la ville pour verser les déchets dans les conteneurs.
Elle en profite aussi pour ramasser les détritus égarés sur les pelouses et trottoirs. Comme Emilie trie le verre, certains habitants mettent les bouteilles en verre à côté de la corbeille pour faciliter son travail.
La collecte des corbeilles à l’aide des chevaux libère les agents du service des espaces verts pour pouvoir réaliser d’autres tâches d’entretien.
Les habitants arrivent à faire la différence entre Circus et Dispar et échangent avec Morgane et Emilie. D’autres prennent une photo avec leur téléphone portable.
Indéniablement, les chevaux créent du lien social.
Les mercredis, Morgane et Emilie attellent les deux frères en paire à une voiture de vingt places et se dirigent vers l’ALSH (Accueil de loisirs sans hébergement), afin d’emmener les enfants vers la cantine.
Les réflexes d’animatrice d’Emilie resurgissent pour rappeler gaiement les règles de sécurité, à savoir, ne pas crier, ne pas se lever et ne pas taper des pieds. Puis les chevaux se retrouvent dans la cour d’une école.
Les enfants rayonnent de joie et se réjouissent de pouvoir caresser Circus et Dispar en guise de remerciements. Plus tard, à l’âge adulte, ils garderont sûrement de merveilleux souvenirs.
Les deux chevaux participent aussi aux balades touristiques estivales valorisant le patrimoine de la ville, ainsi qu’à la médiation auprès des EHPAD (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et des jeunes enfants.
A cela s’ajoute aussi un partenariat avec l’ifCE (Institut français du cheval et de l’équitation) pour le développement de l’handi-attelage. Morgane, étant enseignante, contribue à l’entraînement d’une personne présentant un handicap et pratiquant l’attelage sportif de compétition, avec Circus et Dispar.
A force de discussions entre Morgane et les autres services de la commune, des projets prennent naissance où les chevaux répondent à un besoin ponctuel.
Le retour du cheval breton à Hennebont, génère un enthousiasme auprès des équipes de la ville et de la population.
Ce projet municipal contribue à une valorisation de cheval territorial avec de nouveaux outils de traction animale.
Dans un intérêt public, d’un point de vue écologique, patrimoniale, économique et social, l’adhésion est au rendez-vous.
C’est une chance d’entendre à nouveau le son des sabots sur le pavé.
® Espritrait 2020