Bec’h dei ! (C’est parti ! en breton)
Cinq minutes… trente secondes… cinq, quatre, trois, deux, un…La gardienne du temps annonce toutes les dix minutes le départ de chaque attelage en paire pour le routier de 21,8 km dans un temps accordé de 1 h 49 min et 16 s, ni plus ni moins comme l’exige les courses d’endurance.
C’était la deuxième rencontre de l’équipe Cheval Breton dans l’intention de se préparer pour la Route du Poisson. Cette fois-ci, les membres se sont retrouvés au sein de l’Équipôle du Petit Paris à Corlay dans les Côtes-d’Armor, un hippodrome construit en 1905, haut lieu des courses en Bretagne.
Le cadre est verdoyant, boisé, vallonné et pittoresque.
On entend au loin des chevaux au trot qui tambourinent le sol et font écho par-dessus l’étang de Pellinec.
On s’impatiente de voir les attelages successifs passer devant soi. Le bruit des sabots se rapproche, accompagné des cliquetis de la voiture et des encouragements du meneur à l’égard de ses chevaux.
C’est rapide, juste le temps d’apprécier le spectacle, puis l’attelage raisonne dans l’autre sens jusqu’à épuisement du son, laissant la place aux chants des oiseaux et au ruissellement du cours d’eau le Sulon.
Un routier olympique auquel les averses de la nuit ont accentué le caractère sportif de la course, néanmoins, qui peut le plus peut le moins, selon Vincent Seite, capitaine adjoint.
« Le parcours n’est pas simple car il s’agit d’une étape de sélection permettant de voir comment vont les chevaux physiquement », précise Alain Deniel, capitaine de l’équipe.
Chaque attelage termine sa course, l’un après l’autre, avec de la boue et de l’herbe sur la voiture, les harnais et les chevaux. Les traits bretons à l’allure sportive sont dételés, désharnachés et abreuvés.
L’équipage emmène leurs athlètes à la douche, un moment favori de complicité et de proximité avec les chevaux. La douche contribue à leur bien-être. Outre le fait de les nettoyer, elle diminue leur température qui s’était élevée durant l’effort, et par conséquent décroît le rythme du coeur. Le jet d’eau masse les membres et les muscles, contribuant à la détente.
Les propriétaires des chevaux les apaisent par des caresses et des paroles de félicitations et de remerciements. Un retour au calme. De l’affection des Hommes à l’égard de leurs chevaux.
Ce moment de détente participe également à la baisse de la fréquence cardiaque, indicateur de la performance du cheval.
Enfin, les vétérinaires, un par cheval, mesurent les pulsations cardiaques à cinq et à vingt minutes de leur arrivée. Les résultats relevés sur la feuille de route sont favorables. Alain Deniel et Vincent Seité se réjouissent de l’amélioration de la performance physique des chevaux. Effectivement, la Route du Poisson est prise à cœur et au sérieux. Chacun s’impose un programme d’entrainement chez soi pour honorer la race du trait breton et de sa région.
« Deux ok ! - Trois ok ! - Un ok ! »
Après une matinée consacrée au routier, l’après -midi est dédié au « dételé-attelé » dans une zone de relais délimitée. L’enchainement des figures doit être respecté pour des raisons de sécurité. Il est réalisée par trois équipiers attribués chacun d’un numéro : un, deux et trois.
Un attelage arrive accueilli par les trois protagonistes prêts à dételer, un devant les chevaux, les deux autres de chaque côté d’un cheval. Le premier alerte l’attelage de la main. Celui-ci s’arrête net. Le groom de la voiture met le pied au sol puis va à la tête des chevaux rejoindre le premier équipier et le meneur descend de l’attelage. Alors, les équipiers deux et trois débouclent chacun le trait intérieur puis celui de l’extérieur et annonce leur numéro suivi de « ok ». Aussitôt l’équipier numéro un défait les boucles de la balance du timon et déclare « un ok ! ». L’équipage amène ses chevaux sur le côté.
Les trois équipiers de la zone relais acheminent la voiture à la paire de chevaux suivante pour les atteler.
Les pas de la danse vont dans le sens inverse :
le numéro un boucle la balance, « un ok ! », les numéros deux et trois bouclent les traits extérieurs puis intérieurs, « deux ok ! », « trois ok ! », le meneur monte dans la voiture suivi illico presto de son groom et c’est reparti...
L’entraînement se concentre sur la technique, sous le regard aiguisé de Vincent Seité, à qui aucun détail ne échappe et corrige les mauvais pas par de bons conseils.
À force de pratique, la chorégraphie finit par s’accélérer.
Alain Deniel a conclu la journée en félicitant les membres d’une équipe soudée et motivée pour l’évolution manifeste des chevaux et de la bonne ambiance qui y règne.
Après le Petit Paris, la confiance de l’équipe Cheval Breton est bien installée pour le vrai Paris.
Dreist ! (Super ! en breton)
On se retrouve pour la Route du Poisson 2022